Dans mon
petit panthéon personnel, il y a un basketteur niçois que j’aimerais bien vous
faire découvrir. S’il est connu et reconnu parmi les aficionados de la petite
balle orange, il n’est qu’un nom parmi d’autres pour le reste du monde. Avec un
caractère bien trempé et un talent sans contestation, ce joueur a réussi un
petit exploit : celui d’être entré dans la légende de mes trois équipes
préférées : le Paris Basket Racing, le BCM Gravelines et l’équipe de
France. Rien que pour ça, Laurent Sciarra est « invité permanent » à
la maison. Mais bon, encore faut-il qu’il me connaisse... ;-)
C’est en
lisant le quotidien L’Equipe que je découvre l’existence de ce joueur durant l’été
92. Après avoir pris en main les destinés du Paris-Saint-Germain, Canal+ se lance dans un projet
novateur : la création d’un club omnisports à Paris. Tour à tour, les
équipes d’Asnières (Handball et Volley) et du Racing (Basket) passent sous le
giron du PSG Omnisports. Président de
ce consortium à objet sportif, Charles Biétry fait alors son marché pour que
ces nouvelles équipes boostent les différents championnats diffusés par le
chaîne cryptée ou par sa filiale (Eurosport).
C’est là
que j’apprends qu’un joueur tout juste sacré Champion d’Europe juniors entame
un bras de fer avec son club formateur alors en Pro B : Hyères-Toulon.
Pour Laurent Sciarra, une seule destination s’impose pour construire sa
carrière de basketteur. C’est Paris où tout est à construire. Pendant un an,
Laurent sera privé de compétition. Il se contentera des entraînements et d’un
rôle de consultant de luxe pour Canal+. Entre-temps, il gagnera malgré tout une belle
médaille d’argent aux Championnats du Monde Espoirs en 1993.
La saison
1993/94 est la première de Laurent Sciarra au PSG-Racing. Accompagné de Yann
Bonato et Stéphane Risacher, il est le leader d’une équipe jeune qui travaille
dur sous la houlette de l’entraîneur américain Chris Singleton. Pour une fois,
une équipe de basket à Paris tente de se construire sur la durée. Et cela
marche, le PSG devient une équipe régulière, présente plusieurs fois d’affilée
au niveau des quarts de finale de la Pro A. L’équipe prend forme, mais le
public parisien ne saisit pas sa chance. Le stade Pierre-de-Coubertin ne vibre
pas autant que l’Astroballe ou Beaublanc.
Paradoxalement,
c’est dans une année de crise que Sciarra et le PSG vivent leur meilleure
saison. Biétry avait voulu faire passer un cap à son club en faisant venir des
joueurs estampillés NBA. Malheureusement, les résultats ne suivent pas. Le
directeur des sports de Canal+ fustige ses joueurs dans la presse, mais
licencie son entraîneur emblématique. Au pied du mur, les joueurs vont trouver
des ressources étonnantes. Paris atteindra les demi-finales de l’Eurocoupe,
dominé de justesse par le Real Madrid, futur vainqueur. Enfin, grâce à un JR
Reid troposphérique, le PSG-Racing remporte les play-offs, le premier titre de
Champion de France du club, et un billet très convoité pour la lucrative
Euroligue.
Pour
Sciarra, un ressort est cependant cassé. Il préféra s’éloigner une saison à l’étranger
en Espagne (CB Huelva) puis en Italie (Benetton Trévise). Avec le club italien,
il disputera même le seul Final Four d’Euroligue de sa carrière. Entre 1992 et
2004, Sciarra n’aura finalement passé que trois années loin du club parisien.
Cette fidélité méritera d’être récompensé un jour. Si le Paris Basket Racing n’oublie
pas son histoire, alors le numéro 7 sera un jour retiré et accroché au plafond
de Coubertin.
En
septembre 2000, Laurent Sciarra est l’un des leaders de cette merveilleuse
équipe de France qui accrochera une médaille d’argent inespérée derrière les (alors
encore) intouchables Etatsuniens. Après avoir frôlé l’élimination au premier
tour, les Bleus conduits par Jean-Pierre de Vicenzi vont dominer le Canada en
quarts de finale, puis l’Australie en demi-finales avant de buter sur les
Etats-Unis malgré une belle résistance en finale. C’est l’apogée de la
génération Rigaudeau-Sciarra-Bonato en équipe de France. On aurait tellement
aimé que l’histoire dure un peu plus longtemps.
A la fin
de la saison 2004, Sciarra et les nouveaux propriétaires du Paris Basket Racing
se séparent vraisemblablement définitivement. Alors sans club, le Niçois
choisit de voler au secours du BCM Gravelines. 3e budget de Pro A,
les Nordistes sont en difficulté en Championnat (13e) et en Coupe
ULEB. L’arrivée de Laurent Sciarra va permettre au BCM d’enchaîner les
victoires avant de subir un coup d’arrêt en finale de la Semaine des As
(Défaite 76-112 face au SLUC Nancy). Gravelines retombe dans ses travers et
enchaîne alors les déceptions. L’ambiance se dégrade et les joueurs sont mis en
demeure de sauver ce qu’il reste de la. Au P.O.P.B., Sciarra répondra présent
en étant élu MVP de la finale de la Coupe de France et en offrant au BCM le
premier titre majeur de son histoire. Adopté par le Sportica, Laurent Sciarra a
enfin trouvé un public à la hauteur de son talent. Restera-t-il au BCM la
saison prochaine ? Je l’espère même si ce sera difficile de retenir le MVP
français de la saison pour qui les propositions ne manqueront pas. Sinon, je
devrais me contenter de cette ultime belle prestation dans la salle
gravelinoise face à Nancy en 8es de finale aller des play-offs de la Pro A.
Affaire à
suivre... Mais quoiqu’il arrive, Laurent, merci pour tout !